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Réalisateur
Gela Babluani

  Georges Babluani   Sébastien
  Aurélien Recoing   Jacky   
    Augustin Legrand   José        
                         Philippe Passon   Jean-François Godon  
                            Pascal Bongard    le maître de cérémonie  
                    Vania Villers    M. Schloendorf
        Fred Ulysse    Alain  
            Serge Chambon    l'organisateur
                      Jo Prestia    Pierre Bléreau
                         François Tissot    le gendarme Guillouet
                         
Philippe Villiers    le joueur malchanceux

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                   Serge Chambon                                                                 Temur Babluani                                               Philippe Villiers                                                                           







 
                    13 tzameti de Gela Babluani  France - 2006 Couleurs - 1 h 33
Avec Georges Babluani (Sébastien), Aurélien Recoing (Jacky), Augustin Legrand (José), Philippe Passon (Jean-François Godon), Pascal Bongard (le maître de cérémonie), Vania Villers (M. Schloendorf), Fred Ulysse (Alain), Serge Chambon (l’organisateur)...
Le propriétaire d’une maison meurt d’une overdose après avoir reçu une étrange convocation censée lui rapporter beaucoup d’argent. Un jeune homme récupère l’enveloppe et décide de prendre sa place. Commence pour lui un jeu de piste qui le mènera jusqu’à un huis-clos clandestin, un monde cauchemardesque où des hommes parient sur la vie d’autres hommes...
Il existe une morale de la mise en scène (celle du refus de toute complaisance),
il existe une morale du compte-rendu (soucieuse de ne pas miner le suspense). Sur ce qui attend notre visiteur incrédule, on se contentera de suggestions : une maison dans un bois, une mafia d’hommes sans scrupule, un ring autour duquel s’agite une grappe de parieurs patibulaires, des cobayes dopés à la morphine, des pistolets sur la nuque, des sueurs froides, crises de nerfs, surenchères de trouille. Huis clos éprouvant, où le machiavélisme d’une classe dominante est métaphoriquement transformé en jeu avec la mort, où l’individu n’a d’autre issue pour survivre que de voir ses compatriotes rejoindre la cave des cadavres, et où Babluani nous interroge sur la morale de certains divertissements.
L’image n’offre aucune issue à la pitié : ombres, trognes, sourires cyniques, oeil rapace, revolvers au chien levé ; l’ampoule électrique est signal de barbarie. Le son suinte des bas-fonds : aboiements de chiens en meute, vociférations du maître de cérémonie, musique énigmatique du groupe marseillais Troublemakers. On a le sentiment rare de découvrir un grand cinéaste, en même temps que la trouble impression de replonger chez Edgar Poe : même obsession de la canaille, même obsession névrotique du piège, du supplice, du jeu qui mène au vertige, à la terreur exquise. Même délire de l’opiomane et crescendo de la peur.
Jean-Luc Douin, Le Monde - Mercredi 8 février 2006.


Interdit aux moins de 16 ans.

Premier long d’un réalisateur Géorgien, Gela Babluani, 13 Tzameti est de ces œuvres fortes dont on ne ressort pas indemne. Comparable dans la démarche au Dernier Combat du jeune Luc Besson, ou au traumatisant The Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper, il captive autant par son graphisme que par sa construction toute en tension maladive. Avant d’aller plus en avant dans l’analyse, je tiens à vous préciser que c’est un film dur, très dur, et que certaines scènes sont relativement insoutenables pour tout esprit doté d’un minimum de compassion. Sorte de Hostel cru, sans glaçage gore cheap et humour de potache pour faire passer la pilule, 13 Tzameti est aussi sobre que sa superbe photographie en noir et blanc, et sec comme le bruit d’une balle qui sort d’un barillet.

 Sebastian, jeune ouvrier, effectue des réparation chez un homme malade, au bout du rouleau. Il doit assister aux fréquentes algarades entre celui ci et sa compagne, jusqu’au jour où il tombe sur une lettre, avec un mystérieux rendez vous. Ayant besoin d’argent, il décide envers et contre tout bon sens de s’y rendre, et découvre un monde interlope extrêmement sombre, au sein du quel sa vie ne tiendra plus qu’à une balle…ou plusieurs.

Coaching de l’extrême, cette maison cache entre ses murs de riches hommes d’affaires spéculant sur la vie de leur « poulain », prêt à tous les risques pour engranger quelques billets, et assouvir d’une part leur pulsions morbides, et leur soif de violence.

La règle de la partie est simple, mais je ne vous l’énoncerait pas, sous peine de gâcher le plaisir de la première scène d’exposition qui fait froid dans le dos. Gardez cependant ceci en mémoire. Un cercle, une ampoule diffusant une lumière blafarde, et une chaise d’arbitre. Point.

 Le génie de Gela Babluani, comme beaucoup de premiers réals, est de filmer à l’économie. Les plans sont longs, les dialogues courts, les cadrages inventifs (l’utilisation de la plongée et de la contre plongée sont diablement efficaces…), et le silence pesant, très pesant. Il arrive, par une parcimonie technique, à nous faire entrer dans le psyché de ses personnages, et de parfois, nous intégrer à la bande à leur place, nous faisant presque sentir les gouttes de sueur perlant dans notre dos. La première partie, absconse et lente, n’explique rien. On ne connaît pas les protagonistes, et à la rigueur, on ne veut rien savoir d’eux. L’aspect mystérieux est très hermétique, ce qui permet de nous identifier au personnage de Sebastian, le plus humain d’entre tous. La seconde partie du film, nous permet de découvrir une sacrée galerie de gueules, dont le trop rare Aurélien Recoing et sa tronche au rasoir, reste la figure emblématique. Cette seconde partie est la partie la plus dure à avaler de la pilule, avec ses jeux du cirque « modernes », et son absence de recul qui nous fait basculer dans le vide de l’absurde.

 Plus qu’un Western moderne, Babluani nous offre une belle réflexion sur la nature avide et suicidaire des hommes, toujours prompts à sacrifier l’essentiel pour gagner le futile. Il nous livre en pâture par la même occasion une des plus belles figures christiques du cinéma, un peu comme le William Blake de Jarmusch, la condescendance en moins. Le chemin de croix est long, très long, mais la peur se transformera bien vite en mépris, puis en volonté du désespoir pour Sebastian.

 Un film choc, authentique coup de poing en pleine gueule, 13 Tzameti ne laisse pas de marbre. Il est impossible de rester impassible devant ce pamphlet virulent, qui n’utilise la violence graphique qu’à des fins dénonciatrices, au contraire d’un Hanneke qui s’en repaît pour mieux satisfaire l’avidité morbide de ses fans sous couvert de distanciation.


Sickboy Moviez



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